Au début du processus d’écriture, l’idée d’une pièce de théâtre n’était pas définie. Ce n’est que lorsque « la Disparue » s’est littéralement « invitée » dans le récit, que c’est devenu une évidence, puis, très vite, une nécessité.
J’ai alors voulu créer un espace et une parole qui permettent à mes deux protagonistes, « l’Homme » (l’exilé) et « la Disparue », de redonner corps à un amour avorté, grâce au seul lieu qui peut le permettre : un plateau de théâtre.
Et plus largement, évoquer ces questions qui sont communes à toutes les situations de conflits, de guerres ou de dictatures : comment faire le deuil de quelqu’un dont le corps n’a jamais été retrouvé ? Dont aucun papier ne garde aucune trace, ni de mort, ni de vie ? Comment accepter qu’un événement tragique sur lequel nous n’avons aucune prise modifie totalement l’idée que nous avions de notre vie ?
Evoquer aussi l’exil, le sentiment de rancune envers ce pays qui nous a enlevé ce qu’on avait de plus cher, et qui est à la fois le seul pays qui est le nôtre. Ce pays qu’on ne reconnaît plus une fois la tourmente passée, auquel, par la force des choses, on ne participe plus. Se demander à quel instant passe-t-on du statut de survivant à celui de vivant.